Quel est ton parcours, ton arrivée au métier de DJ ?
Mon parcours est atypique.
Dans les années 80, j’avais un ami qui s’était constitué une régie en fait, où il mixait en vinyle. Et j’avais organisé des booms gigantesques dans la ville où j’habitais, à Champagné, dans la Sarthe, et le voir faire m’a complètement passionné.
J’ai tout fait ensuite pour essayer de commencer à mixer. Donc, j’ai commencé par des radios pour pouvoir avoir accès à la musique déjà, c’est l’une de mes passions.
Ensuite, j’ai pu travailler avec une société qui vendait du matériel.
Quand on est passionné, on rêve d’avoir du matériel, on s’informait sur ce qui faisait de neuf, d’innovant aussi. Les bacs à disques dans les maisons de disques, les vendeurs de disques. On avait beaucoup de vendeurs de disques à l’époque, donc on allait chiner la perle rare des imports, des standards funk.
Ainsi, de fil en aiguille, en discutant, en rentrant dans le métier progressivement, en faisant des booms. Puis, en faisant ensuite, par le biais d’une radio, la fameuse boom de fin d’année où tous les collégiens étaient conviés. Ca a été le déclic de faire danser les autres et de l’importance qu’un DJ pouvait transmettre en mettant les disques préférés de tout le monde.
C’était une radio locale ?
C’était une radio locale. Dans les années 80, la première chose qui a été faite quand François Mitterrand est arrivé au pouvoir, c’est de rendre les radios libres. Il y a eu une explosion de petites radios locales qui ont ouvert leurs ondes.
Aventure, amitié et animation
Dans un collège dans le sud de la Sarthe, à Pontvallain exactement, il y a une radio qui s’appelait Radio Prévert, qui cherchait des bénévoles. J’étais mineur à l’époque encore. Je n’ai pas commencé en tant que DJ mais j’étais animateur radio de mon émission New Wave. Je l’avais appelée New Delta.
J’étais avec un copain que j’ai entraîné là-dedans. Il est devenu DJ aussi par la suite. Lui, n’avait même pas eu d’idée du métier. Il s’est lancé dans l’aventure avec moi. Tous les vendredis soirs, c’est mon père qui nous emmenait à Pontvallain. Donc, on faisait l’émission New Delta dans cette radio locale qui était financée par le collège. Pour apporter, je pense, pédagogiquement une aventure aux collégiens. Le fait de pouvoir construire une émission, la langue française également et savoir comment s’adresser à un public au travers des ondes.
Ensuite, as-tu mixé dans les bars ?
Non, je n’ai jamais mixé dans les bars.
Je suis vraiment de la génération clubber.
J’ai toujours été fasciné par le club. A l’époque dans les années 80, la discothèque a été un gros pilier. Les bars n’étaient pas encore en action complètement. Ils ont commencé vers le début des années 90. En province, la discothèque était le lieu où tous les jeunes sortaient.
A la différence des villes où les bars à musique sont arrivés. Le patron du bar mettait de la musique un peu plus forte. Et, avec le fort du succès de ce nouveau lieu de musique, moins cher pour certains, les discothèques ont été un peu désertées.
Des cours de mix
Pour moi, la discothèque donc c’était vraiment l’essence même du DJ, où j’ai perfectionné, d’ailleurs. Je me suis dit, je vais prendre un mentor, un prof de mix donc j’ai pris des cours de mix par le biais de Phil Stevens School, le DJ s’appelait Phil Stevens, et c’est lui qui nous a vraiment fait entrer dans les clubs, pour mixer, donc j’ai fait plusieurs discothèques avant d’entrer en tant que président vraiment pur dans la discothèque qui s’appelle l’Ampélopsis, au cœur de la ville du Mans, c’était la discothèque la plus renommée du département.
Les petits clubs
Jai mixé aussi dans des petits clubs de villes parce que j’ai toujours privilégié les petits clubs aux énormes complexes. A un moment, les discothèques c’était un peu n’importe quoi. Ils voulaient faire croiser toutes les générations, les années 80, les années de disco, enfin les années un peu R&B, et la techno, donc il y avait trois salles, trois ambiances. J’ai trouvé que c’était pas ça, la discothèque était en train de perdre son vivant, donc j’ai toujours privilégié les petits clubs, une seule piste, une capacité de 200-300 personnes, pas plus, et c’est encore le cas aujourd’hui, même pour les mariages, je ne dépasse pas les 200 personnes.
Quelle est ta fonction chez VOTRE SOIREE ?
Alors à VOTRE SOIREE, c’est vraiment les mariages quand Benjamin a des doubles dates. C’est pour ça, moi j’ai repris le métier pour donner un petit coup de main à Benjamin. Quand il a un client déjà sur une date. Il a la possibilité de me transmettre à un autre client le même jour. Pour avoir encore un peu la main et parce que je me dis que c’est un métier qui est quand même difficile au jour le jour. Aussi, avec les temps qui courent, être patron de sa société, de petites sociétés, parfois, ce n’est pas facile.
Qu’est ce qui te plaît dans les mariages ?
En club ça a changé maintenant, si tu n’amènes pas des stars du mix, il n’y a personne qui vient. Dans les mariages, en revanche, c’est une famille qu’on ne connaît pas, on va faire la connaissance, des familles, des amis.
Et là on met un peu de tout, et ça s’est modernisé également parce que maintenant c’est plus comme avant. Moi quand j’ai commencé à faire des mariages, c’était la fin des années 80 où il fallait faire une séquence rétro, une séquence rock. Il y avait vraiment toute génération, et il y avait un fossé entre toutes ces générations, donc c’était très difficile de pouvoir contenter tout le monde.
Aujourd’hui le mariage il s’est modernisé, c’est-à-dire que maintenant c’est vraiment à l’image des mariés. C’est la façon dont on apporte le support qui va nous permettre d’arranger la musique en fonction des goûts, c’est les choix de musique qui vont déterminer ce que nous on va apporter en plus avec notre identité.

Pour toi, quelles sont les qualités d’un bon DJ ?
Ecoute et observation
Pour moi c’est déjà être à l’écoute, à l’écoute de son dancefloor. C’est-à-dire que moi je considère qu’un dancefloor c’est comme si tu allumais un petit feu. Donc, au départ tu mets un peu de papier, et puis quelques petites brindilles un peu pas trop grosses. Puis au fur et à mesure que le flux s’intensifie et se consolide, là tu peux envoyer les grosses bûches.
C’est pareil pour la musique, tu mets pas les bangers, parce qu’ils appellent ça les bangers maintenant. Tu ne mets pas ton gros feu directement, il va s’éteindre au bout d’une heure, tu mets les petits trucs qui font plaisir et qui donnent envie, comme quand tu fais du sport, tu t’échauffes avant de faire ta course.
Et tu observes aussi comment réagit le feu, donc la piste.
Humilité et feuille de route
Déjà il ne faut pas se prendre pour une star et on est là en toute humilité pour faire plaisir à nos clients. Et on a notre feuille de route justement pour le faire, et on ne s’écarte pas cette feuille de route.
On peut ajouter, en fonction de la couleur de la feuille de route, quelques sons auxquels le client n’aurait pas pensé, ou faire découvrir certains dans le même champ, mais pas s’écarter, et surtout ne jamais avoir la tête dans le guidon. Enfin, j’estime que le DJ qui parle trop, c’est pas bien, il ramène tout à lui.
Vision, passion et culture musicale
Je suis quelqu’un de très timide. Donc les platines pour moi c’est un peu mon rempart, mais ça n’empêche pas que j’ai une vision sur mon dancefloor. Je regarde ce qu’il s’y passe, et ça cogite dans la tête pour savoir ce que je dois y faire.
Déjà, c’est une passion pour la musique, et même si on a des styles qu’on n’aime pas, il faut avoir la curiosité de les connaître. La plupart des grands DJ qu’on connaît, qu’on voit un peu partout, mixés dans les festivals, dans les endroits les plus mythiques, qui sont producteurs de leur musique pleinement : ces gens-là ont une culture musicale énorme.
Et elle vient de tous les horizons.
C’est-à-dire ça peut être des années 50, avec l’avènement du rock, jusqu’aux standards, les classiques, et c’est de cela qu’ils se nourrissent pour pouvoir faire leur créativité. Déjà, avoir une connaissance assez aisée sur les grands noms de la musique. Après, on ne connaît pas tout non plus. On apprend tous les jours en musique.
Où et à quelle occasion vas tu mixer prochainement ?
Le prochain mariage, ça sera au Pouliguen, dans un Westotel. C’est atypique, c’est un mariage entièrement techno.

Et pour finir, quels sont tes projets ?
L’Apéromix.
En fait, j’avais commencé à lancer l’idée de mixer pour un groupe d’amis qui se réunissent autour d’un barbecue et d’un apéro. En chill, donc, moyennant un petit forfait, j’arrivais avec une régie adaptée pour faire un mix chill qui pouvait être une surprise pour les invités qui venaient chez la personne.
C’est-à-dire qu’il y a quelqu’un qui fait une crémaillère par exemple. Comme ça, spontanée. Il invite des gens en mode chill dans son jardin. Et il y a le DJ qui est là. Et les gens, ils sont surpris.
Le genre de choses que j’aime bien faire. De toute façon, un DJ, pour moi, ça doit être un caméléon. Il doit s’adapter à toute éventualité.
Ce n’est pas parce que tu as préparé ta soirée, qu’elle va se passer comme prévu. Il y a toujours une part d’aventure non connue dans une soirée.