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Qui es-tu ? Quel est ton parcours ?

J’ai rencontré Benjamin avant d’être DJ. J’étais travailleur social auprès de personnes handicapées mentales et psychiques. J’ai 44 ans et j’ai travaillé donc une quinzaine d’années dans le milieu socio-éducatif.

La rencontre avec Benjamin, fondateur de VOTRE SOIREE

Aussi, j’ai commencé à m’intéresser au blind-test dans Paris et c’est là que j’ai rencontré Benjamin. Totalement par hasard, à un blind-test qu’il animait. On a tout de suite matché. Il y a des gens comme ça que tu rencontres dans la vie, des fois, que ce soit dans un anniversaire ou dans un apéro et ça matche, pour diverses raisons, que ce soit pour une question générationnelle ou une question de goûts musicaux. C’était ça avec Benjamin. Il avait juste remarqué que j’étais très bon en blind-test, tout simplement, que j’avais une très grosse culture musicale.

Après il y a pas mal d’artistes qu’on aimait en commun, notamment dans le rock des années 70 à début 2000. Et en fait, au fur et à mesure, on est devenu des super potes. Moi, quand je sortais, quand il mixait dans un endroit, j’envoyais un message disant, « Où est-ce que tu mixes ce soir ? » Il me répondait « Tiens, je suis à cet endroit ». Donc, il y a eu quelques endroits où je suis passé le voir, notamment au O’Sullivans Rebel Bar à Châtelet, et puis à l’IPN rue Mouffetard.

La formation au mix

Et en fait, au bout d’un an, il m’a proposé de me former au mix. J’étais absolument surpris, j’ai dit « là, vas-y carrément », parce qu’il faut savoir que j’ai toujours été passionné de musique. J’ai été guitariste auparavant, j’ai toujours joué. Il y a 20 ans, j’étais autodidacte guitariste. J’ai joué 10 ans dans un groupe de composition rock français.

Et c’est vrai que c’est ça qui intéressait Benjamin. C’était ce côté culture musicale que j’avais plus global, qui ne se limitait pas seulement à la musique que j’écoutais. Des musiques dont je suis fan, notamment dans le rock, comme Indochine, U2, Muse, Queen. La liste était évidemment très longue.

Et il a vu aussi que j’étais très à jour sur les musiques beaucoup plus pop, commerciales, tubes radio et donc l’idée c’était de me former. C’est vrai que j’étais un peu interpellé aussi, pourquoi, qu’est-ce qui a donné l’idée à Benjamin de me former ? C’est qu’en fait, je l’ai rencontré à un moment charnière, aussi bien pour moi que pour lui.

Le début de l’activité de DJ

Pour moi, je savais que dans le médico-social, je n’allais pas y travailler toute ma vie. Même si j’adorais ce que je faisais, c’est un métier qui est usant psychiquement. Et puis le coup classique, en général vers la quarantaine, on se dit : « est-ce que je vais faire ce boulot toute ma vie ? »

Et lui, de son côté, il allait fonder sa société VOTRE SOIREE, justement. Il s’était rendu compte, notamment les 2-3 dernières années, qu’il refusait de plus en plus de boulot, de prestations, parce qu’il était déjà pris. L’idée, c’était qu’il voulait former quelqu’un en tant que back-up et il pouvait proposer quelqu’un qu’il avait formé.

Il y a eu six mois où je travaillais en semaine dans le milieu du socio-éducatif et puis le week-end, j’étais DJ. Et puis très rapidement, je me suis rendu compte que je devais faire un choix. Parce que quand je me suis lancé là-dedans, quand Benjamin m’a formé, je m’imaginais faire deux soirées par mois, pas plus.

Un mariage ou deux, grand max et finalement tout est allé extrêmement vite. Aussi bien au niveau des demandes, des sollicitations des clients, ça a tout de suite matché.

De deux fois par mois, je me suis retrouvé à mixer six fois par mois. Et au bout d’un moment, il fallait vite se décider. Ce n’était pas possible de tenir. Je savais que ça avait forcément un impact sur mon autre boulot. C’est quelque chose que je ne voulais absolument pas. En mai 2018, j’ai arrêté mon ancien job.

Un binôme qui fonctionne

C’est à ce moment-là, transition toute faite, que j’ai commencé à gérer Booking Paris Mix avec Benjamin. Quand il m’a rencontré, quand il m’a formé, il voulait déjà que je puisse gérer cela avec lui. Mes antécédents professionnels avant DJ m’aident beaucoup à codiriger Booking Paris Mix.

Tout ce qui est bookings par rapport aux bars ambiance, mais également de l’événementiel. C’est quelque chose que j’ai toujours dit avec Benjamin. Les bars, le milieu de la nuit, ce n’est pas l’avenir de la profession.

Clairement, l’avenir de la profession, ce n’est plus vraiment les soirées mix en bar ou club… l’avenir c’est le mariage, l’anniversaire, les soirées d’entreprise. Que ce soit pour des raisons financières, c’est-à-dire certains dans le milieu travaillent gratuitement, mais également pour les conditions de travail. Parce que Paris n’a jamais été une ville de la nuit. On cherche parfois à détruire le milieu de la nuit. La COVID n’a pas aidé.

Donc voilà, d’où ce qu’il se passe aujourd’hui, le fonctionnement qui existe toujours. C’est que dès que Benjamin n’est pas disponible, je sais que je suis la première personne qu’il sollicite. On a un agenda partagé, ainsi il sait si je suis disponible ou pas.

À quelle fréquence tu mixes ?

Alors, je suis aux alentours de 200 prestations par an.

Ca comprend aussi bien les animations blind-test que les soirées dans les bars-clubs dans Paris, les alentours, et les prestations privées, mariages, ou entreprises

Dominique aux platines

Uniquement en Ile de France ?

Alors, pas tout en Ile-de-France.

C’est vrai que je suis amené notamment par rapport aux mariages à beaucoup bouger. En fait, c’est-à-dire que j’ai des clients qui me sollicitent pour des mariages qui sont à plus de deux heures de route de Paris. Donc ça, j’en fais beaucoup.

Ca représente un mariage sur deux facilement.

Partout en France

Alors, pas forcément sur les deux dernières années, mais j’ai déjà fait deux mariages dans le Béarn, vers Pau, deux mariages vers Toulouse, un mariage dans la Drôme, deux dans le Lot.

J’ai fait également en Bretagne, Vendée, Normandie, Bourgogne et même une fois au Portugal !

Même, j’ai découvert plein de départements où je n’avais jamais mis les pieds.

Il y a la difficulté pour certains, à ma place, de concilier avec la vie privée. En l’occurrence, je n’ai pas d’enfants. Donc, c’est sûr que c’est beaucoup plus simple de ne pas dormir chez soi. Aussi, le métier de DJ requiert une certaine adaptabilité au goût, tout ça, et même dans les régions.

Justement, quelles sont les qualités essentielles d’un bon DJ ?

Avant d’être DJ, j’ai toujours aimé écouter de la musique.

J’ai fait de la guitare. Aller à des concerts, faire la fête. Et ça, être client, je ne l’ai jamais oublié et je ne l’oublie jamais quand je mixe, en fait.

L’adaptabilité et la diversité

C’est-à-dire que typiquement, moi, comment je mixe ? Je pars du principe, ça peut paraître, un peu égocentrique, mais je me dis, « est-ce que moi, je resterais sur la piste si tel morceau est là ? » Sachant que, bien sûr, dans la musique, comme l’art, il y a toujours une part de subjectivité. Mais typiquement, voilà, quand je sais que depuis 3-4 morceaux, c’est le même style de musique, c’est bien de changer. Mais je sais que j’ai envie de changer parce que je me dis, si moi, j’étais sur la piste de danse, j’aurais voulu que ça change.

La curiosité

Alors, les qualités requises, évidemment, j’estime que déjà, la curiosité, très clairement, aucun DJ ne peut prétendre aimer tous les styles de musique et connaître tous les artistes.

Sinon, s’il le dit, c’est un menteur ou une menteuse. Il ne faut pas oublier les femmes sont de plus en plus nombreuses dans la profession, tant mieux.

La playlist des mariés

Mariage de Romane et Marc avec Dom

C’est vrai que, notamment par rapport au mariage, je demande toujours aux mariés, faites-moi une shortlist de vos morceaux préférés que vous voulez absolument entendre le jour de votre mariage ou même vos goûts musicaux. Puis, ensuite, je tricote avec. Alors, souvent, c’est que ça me donne des idées.

Quand il y a 100 morceaux dans une playlist, sachant que j’en joue 30 par heure, c’est que j’essaie de tous les passer, déjà. Et après, c’est mon boulot d’enrichir, de compléter une playlist de mariages que les mariés ont fait, ça, c’est compliqué, ça vient vraiment avec l’expérience.

L’observation

Ça requiert beaucoup d’observation aussi, je trouve, le métier de DJ. Ça demande de regarder, de sentir. Au-delà du fait qu’on se mette à la place des invités ou des gens dans la soirée, ça requiert quand même de ressentir les émotions, l’observation, le mood. On regarde ce qui se passe, pour ensuite donner la réponse adéquate, ce n’est pas facile.

L’expérience

Il y a l’expérience qui joue, enfin moi je m’en souviens, je suis parisien, typiquement, lorsque, avec mes meilleurs amis, on traînait sur les quais de Paris, c’était notre grand jeu de repérer les touristes au loin, « tiens, de quel pays ils viennent ? ».

Malgré tout, ça sert énormément aujourd’hui. Il y a des body language, notamment, je prends un exemple, chez les méditerranéens, italiens, espagnols, qui ne sont pas les mêmes dans les pays nordiques.

Et ça sert énormément de repérer ça. Et puis même, typiquement, pendant que je mixe, alors que le volume est à 90 décibels, j’essaie d’entendre un peu, de repérer les gens, savoir quelles langues ils parlent. En fait, quand je mixe, le cerveau, il est toujours en ébullition.

Et ça m’est déjà arrivé d’être allé mixer de 23h à 5h du matin, alors que j’avais peu dormi la veille, parce que, soit j’avais mal dormi ou j’étais un peu malade. Et finalement, j’arrive, dès qu’il y a du monde, l’adrénaline, l’effervescence, tu en pleine forme et le cerveau, il travaille toujours beaucoup.

Utilisation de tous les sens

On utilise le cerveau, les yeux, les oreilles, le toucher évidemment.

Et encore, le toucher, en fait, ça reste en quatrième position. Comme je le disais, j’ai eu un parcours de musicien, je suis guitariste. Etre un pro de la guitare, se balader sur le manche, ça ne signifie pas que tu vas être un bon compositeur ou avoir une oreille musicale.

Typiquement, je préfère un DJ qui lance le morceau au bon moment, au bon endroit, plutôt qu’il fasse son show, en fait. C’est pour ça que je fais souvent des parallèles avec mon parcours de musicien et ma profession actuelle de DJ, par rapport à la curiosité. Même si ce sont des activités différentes, au final, ça se rejoint et ça touche à la musique.

De ton côté, des DJ t’ont-t ‘ils inspiré ?

Par exemple, Brice, DJ au Café Chéri c’est exactement le gars qui assure complètement. Les transitions, la diversité, il observe toute la piste et en même temps, tu le vois kiffer. Brice m’a aussi beaucoup inspiré à me lancer là-dedans.

En fait, pour ma reconversion, il y a deux personnes qui sont essentielles. D’un point de vue logistique, technique, c’est Benjamin et le niveau artistique, c’est Brice. Il a toujours ce côté surprenant. Alors, bien sûr, je n’essaie pas de faire du Brice.

Quelle est ton actu, tes projets ?

La vie professionnelle, artistique, continue. C’est-à-dire les mariages de cette année et ceux de l’année prochaine, également, les soirées mix et puis la gestion de bookings. Moi, je gère vraiment la partie planning et recrutement.

Et puis, sinon, je vais me remettre à la création musicale. Le but, ce n’est pas de faire des productions, des créations pour vendre. C’est vraiment plus pour m’amuser, justement la boucle est bouclée car c’est avec mon ancien chanteur avec qui je jouais pendant 10 ans.

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